Bien au chaud, il se sentait
et, aussi, en douce sécurité.
De loin, les bruits, il entendait
Mais, il était bien caché . 

Arriva le jour où il fallut sortir, renvoyé
De cet univers douillet, protégé.
Sa coquille s'est, peu à peu, fendillée
Et il en fut vraiment très effrayé.

  Jusqu'à présent, maman cygne avait couvé ses œufs
Et il sentait son exquise chaleur, il était heureux .
Déjà ses frères et sœurs étaient sortis,
Un à un, précautionneusement, de leur nid. 

Au premier coup d'œil, il vit avec effarement
Qu'il n'était pas comme les autres, il était différent.
Sa couleur était semblable à celle de ses parents,
Mais ses frères et sœurs n'étaient pas blancs.

Ils avaient tous une belle couleur brun-grisé
Et lui était parfaitement blanc immaculé.
Ses parents le regardaient, surpris, indéniablement
Et n'étaient pas heureux, même honteux, c'est évident.

Dès le premier jour, on le mit à l'écart.
Triste, il se sentait le « vilain petit canard».
Ses frères et sœurs lui donnaient des coups de bec furieux
Et personne ne le défendait. Ah ! Comme il était malheureux !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le temps passait et les cygneaux grandissaient,
Mais, lui, chétif et malingre, il restait,
Car les autres l'empêchaient de manger
Et s'accaparaient de son déjeuner. 

Pendant deux mois, il fut mis, douloureusement, en quarantaine.
Il y avait tout de même une personne, gentille et sans haine
Qui lui lançait du pain, loin des autres gloutons envieux
Et il se sentait un peu aimé par cette inconnue au cœur généreux.

Peut-être cela lui permit-il alors de surmonter
Le dédain affiché par toute sa famille pleine d'hostilité,
Car un beau jour, il réagit, s'imposa insensiblement
Et exigea qu'on lui rende sa place à l'instant. 

C'est ainsi que le bébé cygne blanc a retrouvé,
Au sein de sa famille, un peu de dignité et d'amitié.
Dans ce monde dur et cruel , aux apparences attaché,
La différence est toujours difficile à supporter.